Qui sont-ils ?
Il faut toutes sortes de gens pour créer un « arc-en-ciel ». Les membres se voient eux-mêmes comme formant « une tapisserie de lhumanité qui passe au travers des limites de classe, de race de religion, de groupe ethnique et de sexe. »
Ils voient la famille comme « un modèle réussi de multiculturalisme ; une société où lon célèbre les différences et où lunité est atteinte. »
La définition dun membre de la Famille Rainbow est large. En principe, « tout le monde est Arc-en-ciel ; mais certains ne le savent pas encore. » Les Rainbows considèrent tous ceux qui viennent aux Rassemblements, quils soient là pour une heure ou pour un an, comme des Rainbows. Cest pourquoi ils voient les reporters qui viennent observer les Rassemblements comme des Rainbows, et les traitent comme des frères et surs. Ils réservent le même accueil aux gens de la région qui sarrêtent lespace dun après-midi pour satisfaire leur curiosité (
) [Ceux-ci] ont juste besoin dun peu plus dAmour et de Soins que la plupart des Rainbows. (
). Le refus de la Famille de se limiter aux membres qui appartiennent déjà au groupe, la distingue des autres groupes qui ont proposé des styles de vie alternatifs. En effet, la plupart des groupes utopiques qui se sont développés au cours de lhistoire, diffèrent de la Famille Rainbow en ce quils apportent des restrictions quant à ladmission de nouveaux membres. (
) Ladhésion à lArc-en-ciel est ouverte non seulement à ceux dont la Famille recherche les aptitudes ou les ressources, mais aussi à ceux qui ont besoin de la Famille : elle ne demande aux nouveaux membres que « dapporter leur nombril ». (
) Bien quils soient souvent sur les routes, les « Bus people » se considèrent rarement comme des vagabonds ou des clochards. Ils préfèrent quon les appelle « Gitans », une appellation partagée par la plupart des voyageurs Rainbow. (
) Ils sont généralement doués pour trouver des ressources et les gérer, et sont souvent issus de la classe moyenne. Crow qui a vécu sur la route dans des bus de 1986 à 1992 explique ce mode de vie : « Cest la vie Rainbow, mais cest seulement lune des manière dont un Rainbow peut vivre. Certains peuvent vivre dans leur sac à dos ou leur tente ou leur voiture (
). Mais ça convient bien à la vie Rainbow, on peut sauter dans sa maison et aller où lon veut. (
) J. Schwartzbaum qui vient aux rassemblements depuis 1980 dit : « Ici il y a des milliers de gens. Il peut y avoir vingt à cinquante violeurs potentiels, ou des voleurs. Pourtant tout le monde se tient bien. Des gens étranges se promènent dans le noir, ils nont pas peur. Cela seul prouve que les gens veulent vivre comme des humains. » (
) G. Thomas, « Lhomme à bulles » exprime sa « bulléosophie » : « Les gens sont comme des bulles. Nous sommes tous de taille différente, comme les bulles, de forme différente, comme les bulles, de couleur différente, comme les bulles, et certains dentre nous durent plus longtemps que dautres, comme les bulles, mais nous venons tous de la même source. Les bulles viennent de la Joie, et nous venons de lAmour. Et si on ne réalise pas quon est issu de lAmour, on tombe amoureux. Quand on le réalise, on sélève dans lAmour, comme une bulle. Après, nous aurons plus de bulles, moins dennuis et nous pourrons laisser notre enfant sortir et jouer davantage. » (
) Rémi, percussionniste dit : « Je viens ici pour prier avec mon instrument et munir à mes frères et surs (
) Peut-être que les percussions ne les appelleront pas au Rassemblement mais peut-être quelles les appelleront à trouver leur vocation. Peut-être comme artiste, comme grand peintre. Peut-être comme un musicien. Peut-être comme un sculpteur. Ainsi nos rythmes sont conçus pour appeler les âmes qui ont été dévoyées par les faux prêcheurs. » (
)
Sexisme, racisme et homophobie
Les Rainbows ont un idéal égalitaire, mais pendant des années les hommes ont dominé les réunions Rainbow. (
) Finalement une femme a signalé quil était temps pour « lénergie féminine » (
) Et ce nest que maintenant, alors que la Famille existe depuis plus de vingt ans, que les voix des femmes sont également respectées. Lémergence dun mouvement Rainbow régional et de Rassemblements régionaux, dans lesquels les femmes jouent un rôle majeur, sert de moteur à cette nouvelle égalité des sexes. Les Rassemblements Nord Américains proposent maintenant un « espace pour les Surs » réservé exclusivement aux femmes. « Le cercle des Surs », un conseil de femmes au quotidien, sert à la fois de groupe de soutien et de forum pour débattre sur le sexisme dans la Famille. Le « cercle des Frères et des Surs » sert de forum pour quhommes et femmes traitent du problème des relations entre les sexes ensemble. (
)
Le discours sexiste de certains hommes diminue pour deux raisons : dabord un niveau de conscience plus élevé parmi les hommes, ensuite le plus grand pouvoir des femmes. (
) Les attitudes et les activités misogynes se poursuivent pourtant au camp de lAlcool. (...) Cependant les femmes Rainbows reconnaissent souvent quon trouve aux Rassemblements une atmosphère moins sexiste quà Babylone. (
)
Les Owenistes (Communauté fondée par R. Owen), dans leur volonté daccepter nimporte qui, comme membre, étaient similaires à la Famille Rainbow. Cest pourquoi on comprend que les Owenistes comme les Rainbows aient fait lexpérience du sexisme du monde extérieur dans leur utopie. (...) Les Rainbows célèbrent ou rejettent lhomosexualité selon le quartier du Rassemblement que lon visite. Les attaques verbales ou autres des homosexuels ne sont en principe pas acceptables dans les Rassemblements Rainbow , bien que, comme lébriété et labus de drogue, elles fassent occasionnellement surface. (
)
Un mythe du new-age populaire, celui des « Guerriers de lArc-en-ciel » suggère que leur mission est de synthétiser pour la postérité, lhéritage culturel des différentes races : lintellect et la volonté des peuples à la peau claire, lintuition et la conscience spirituelle si hautement développées des peuples à la peau rouge, et les dons des peuples à la peau noire et jaune. »
La famille Rainbow, malgré la faiblesse de ses efforts pour lintégration raciale, offre tout de même une bouffée dair frais par rapport aux autres groupes new-age.
Une utopie nomade
Les Rainbows voient leur diversité comme une force. (
)
La sociologue R. Moss Kanter a observé quun « manque général de sélectivité dans le recrutement » était commun à nombre de communautés non durables quelle a étudiées. « Ils ont tendance à accepter des individus de toute obédience idéologique et à recruter par des moyens personnels, comme la publicité, plutôt que par un contact personnel. » Les groupes qui réussissent ont, dit-elle, une base religieuse, sociale ou ethnique commune (...) . Par contraste, la Famille Rainbow valorise lexpression individuelle et nexige aucun type de renonciation. Les policiers qui sintéressent aux Rassemblements par exemple, malgré leur rôle antinomique, sont immédiatement acceptés comme des Rainbows. Beaucoup de communautés de la fin du XXe siècle qui se sont formées à la même époque que la Famille Rainbow, ont mis fin à leurs politiques idéalistes de « porte ouverte » après avoir connu « trop de visiteurs, trop de responsabilité ou trop de changement. »
Toutes les données historiques montrent que la Famille Rainbow, comme les Alcooliques Anonymes, avec leurs politiques dadmission idéalistement intégratrice, auraient dû échouer, il y a des années. La grâce qui les sauve tient à leur nature nomade et temporaire, qui les distingue des expériences utopiques permanentes sédentaires. Puisque les Rassemblements, comme les Réunions AA, se dissolvent et se reforment régulièrement, les problèmes sociaux à long terme ont une chance de se dissiper. Les difficultés qui se développent lors dun Rassemblement peuvent être résolues au Rassemblement suivant, par de nouvelles conditions de campement ou de vie. La Famille est assez large, avec beaucoup de sous-groupe, pour absorber des vécus et des vues différents et toujours offrir un environnement porteur à chacun des participants.
Conclusion : Un été sans fin
« Lutopie est la société imaginaire dans laquelle sépanouissent les désirs les plus profonds, les rêves les plus nobles, et les aspirations les plus hautes du genre humain ; une société où toutes les forces, physiques, sociales et spirituelles travaillent ensemble, en harmonie, pour permettre lobtention de tout ce que les gens trouvent nécessaire et désirable. Dans lutopie imaginée, les gens travaillent et vivent ensemble, proches et coopératifs, selon un ordre social qui se crée et se choisit lui-même et nest pas imposé de lextérieur même sil fonctionne aussi suivant une loi plus haute, naturelle et spirituelle. » (Rosabeth Moss Kanter)
La Famille Rainbow est un mouvement utopique idéaliste avec la vision dun monde guidé par lAmour et la coopération, sans violence ni compétition. Cest la vision égalitaire dun monde sans dirigeants, sans oppresseurs ni peuples opprimés. La Famille est décentralisée avec des Rassemblements et des événements dans le monde entier. Il ny a pas dorganisation centrale qui puisse être subvertie ou détruite. Cest un mouvement et non une organisation. Sa force réside dans les individus qui font les Rassemblements. (...) Les Rassemblements européens célèbrent la diversité culturelle et se moquent des frontières.
À la recherche dun modèle parfait
Le terme « utopie » vient du Grec. Le sens littéral est « hors de lespace ». En réalité « lutopie nest pas un lieu idéal, mais le désir den créer un ; elles est orientée vers le Futur plutôt que vers le passé ou le présent, et sa vertu nest pas dans ce quelle a déjà accompli, mais dans ce quelle a la volonté de tenter. » Étant donné lactuel niveau de lévolution sociale humaine, limité, la véritable Utopie nest pas à lordre du jour. Les Rainbows cependant nabandonneront pas ce rêve, car ils se voient comme les catalyseurs du changement. La Famille Rainbow, comme les utopistes qui lont précédée, a pour but de créer un modèle qui fonctionne pour une société meilleure et plus équitable. À travers un tel modèle, ils espèrent démonter la viabilité des principes coopératifs et créer un environnement où des gens de tous horizons peuvent laisser tomber le courant majoritaire et expérimenter un nouveau mode de vie rien quun jour ou une semaine (
). Après un quart de siècle, la Famille Rainbow travaille toujours à perfectionner et à rendre opérationnel son modèle (
). Les utopistes à travers lhistoire « croyaient tous que le meilleur moyen de stimuler le changement social était dorganiser et de construire une communauté unique idéale, un modèle qui pourrait être dupliqué à travers le pays. »
Même les sceptiques admettent le succès du modèle Rainbow. « Pour une tribu danarchistes Peace-and-love sans structure ni leader (leur conseil est composé de ceux qui se présentent au grand cercle), la désorganisation des Rainbows fonctionne de manière étonnante. »
Le gouvernement de Californie a considéré linfrastructure Rainbow comme un modèle possible pour la réinstallation des habitants de San Francisco à la campagne dans le cas dune urgence. (...) Il y a un bon dialogue entre les générations. (...) Les Rainbows ne craignent pas leurs enfants. (...) Les Rainbows cherchent des alternatives au traitement de la violence. Leur but est de soigner les gens troublés, de mettre fin à leur violence et de les aider à grandir.
Une utopie unique
Les Rainbows jouissent dun niveau de liberté inatteignable dans une communauté stationnaire qui doit, sur une longue période faire avec voisins, propriétaires et gouvernements locaux. Par bien des aspects, il sagit davantage dun « groupe en douze étapes » que dun mouvement utopique. La Famille Rainbow partage certains traits avec ce que les historiens et les sociologues identifient traditionnellement comme des communautés utopiques réussies. Elle na pas dinstallation permanente ni de base sédentaire, pas dactions en bourse, pas dorganisation formelle, de prophète charismatique, de hiérarchie ni de pouvoir identifiable. Elle « nest pas sectaire et nentretient aucun critère sélectif dadhésion, nexige aucun investissement matériel ni sacrifice personnel de la part des recrues, na pas de routines ni dexigences de travail, elle nencourage ni ne décourage ni nessaie de coordonner les relations sexuelles, ni nexige aucune conversion idéologique et nessaie pas de contrôler la vie des enfants. Tout indique, selon les précédents historiques, que la Famille aurait dû seffondrer peu après sa fondation au début des années 70 (
).
Traditionnellement plus la communauté est grande, plus le pouvoir de décision est centralisé. Pourtant même les plus vastes Rassemblements Rainbow, avec 30000 participants restent décentralisés et non hiérarchiques. Une telle non-organisation est généralement associée à des expériences utopiques qui ont échoué. Cest pourtant labsence de contrôle central qui a permis à la Famille de tenir et se sépanouir. Dautres communautés ou même des nations sont laminées par des luttes de pouvoir perpétuelles pour le contrôle dune hiérarchie centralisée. De telles luttes intestines conduisent souvent à des fractures à lintérieur des groupes, car ceux qui sont écartés de la base de pouvoir quittent le groupe pour créer leur propre organisation, ou essaient de miner lorgane de pouvoir. De la même façon, les dirigeants ont recours au favoritisme, récompensant et renforçant ceux qui les suivent par un politique de patronage, afin que leur organisation politique continue de prospérer. Les luttes de pouvoir internes ont contribué à léchec de beaucoup de communautés utopiques célèbres du XIXe siècles. Le conseil consensuel de la Famille Rainbow par comparaison nécarte pas les dissidents. Puisque chacun est supposément inclus dans toues les décisions, la révolution devient obsolète. Avec personne AU pouvoir, personne nest HORS du pouvoir. (
)
Par opposition avec nombre de communautés, les Rainbows exigent peu financièrement de leurs nouvelles recrues. Les contributions sont volontaires. Les Rainbows riches sont libres de garder leur richesse.
De même, alors que dautres communautés exigent de leurs membres quils renoncent à des relations dangereuses pour la cohésion du groupe (
), les Rainbows sy refusent car ils voient la tâche de former un lien de cohésion entre les différents peuples comme lun des buts majeurs du groupe. Cest pourquoi la Famille se compose de végétariens et de chasseurs, de pacifiste et de porteurs darmes, danarchistes, de socialistes et de républicains, de chrétiens, de païens et dathées, de flics et de voleurs, tous célébrant la vie ensemble. Bien quils partagent des valeurs comme celles dun large engagement envers la non-violence et la non-hiérarchie aux Rassemblements, ils choisissent parfois de ne pas, ou ne peuvent pas, pratiquer ces valeurs en tant quindividus hors des Rassemblements. (
)
Par opposition, aux communautés utopiques qui restent traditionnellement petites, la Famille a réussi à assimiler de larges groupes de nouveaux arrivants à leurs Rassemblements. Il nest pas rare lors des Rassemblements proches de larges zones urbaines dattirer une population dont la moitié ou plus se compose de nouveaux arrivants ou de « touristes ». Malgré cela, les Rassemblements ont su garder leur cohésion et leur identité. Cest parce que la doctrine Rainbow est assez simple et aisée à accepter. Des volontaires à la porte dentrée par exemple enseignent aux nouveaux arrivants lenvironnement non commercial, non violent et sans alcool (sauf le camp « A ») du Rassemblement. (
) Ainsi lidéologie Rainbow peut être contagieuse comme un virus. (
) Partout où la Famille va, les autochtones partagent toujours des affinités avec lun des sous-groupes Rainbow. Cest pourquoi les texans chrétiens par exemple, persuadés par la rumeur que tous les membres étaient païens ou athées, ont été soulagés de découvrir les baptistes au sein de la Famille. De la même façon, des habitants de la campagne furent soulagés de trouver des fermiers parmi les Rainbows, etc.
Le mauvais côté de cette politique dintégration est la présence du camp « A » souvent violent aux Rassemblements Rainbow américains.
Traditionnellement ; les communautés utopiques ont toujours exclu de telles personnes. (
) Les communautés utopiques se sont aussi effondrées parce quelles étaient soit trop prospères économiquement soit, par antithèse, trop pauvres. Celles qui ont trop bien réussi ont eu tendance historiquement à abandonner les idéaux communautaires au profit de la distribution dactions communautaires par la privatisation (
). A mesure que les actions prenaient de la valeur, les querelles quant à la manière de les reparti ou de les investir sont devenues plus intenses.(
) La Famille Rainbow par comparaison na pas dactions. Labsence dorganisation centralisée de la Famille assure quelle nen aura jamais. Cest pourquoi elle ne risque pas de telles querelles. Tandis quindividuellement les Rainbow peuvent réussir économiquement, et alors être généreux dans leurs donations au « chapeau magique », leurs actions ne sont pas communautaires.
Largent du « chapeau magique », ce qui se rapproche le plus dune richesse commune est dépensé en biens consommables, généralement de la nourriture, avant datteindre un montant trop conséquent (
). Des plans de trop grande envergure pour le système hydraulique auraient pu menacer la cohésion du groupe, mais les systèmes limités achetés par le « chapeau magique » dans le passé ont disparu après les Rassemblements. (
) Jusquà présent la Famille dans son ensemble na pas accumulé de ressources.
Les communautés ont aussi souvent échoué parce quelles ne pouvaient pas sortir de la pauvreté, et fournir à leurs membres des conditions matérielles adéquates. La Famille Rainbow de par sa nature nomade ne rencontre pas de tels problèmes. La Famille nest pas chargée de fournir à ses membres un abri et des soins annuels et son incapacité à le faire nest pas perçue comme un échec (
). Dans le cas rare où un Rassemblement entier a eu « faim », la situation a conduit à la fin du Rassemblement, la Famille se regroupant ailleurs dans de meilleures circonstances.
Nomade contre permanents
« The Farm » est une communauté utopique sédentaire. Bien quelle prospère toujours aujourdhui, elle a abandonné son économie communautaire en 1983 pour sêtre endettée de un million de dollars lors de la crise de lagriculture de la fin des années 70, et ce malgré beaucoup de travail et de récotes excellentes. « La Ferme » était en péril, ironiquement, non pas parce que son collectivisme expérimenté avait échoué, mais à cause dun échec au sein de la plus grande économie capitaliste. (
) Aujourdhui la privatisation de « la ferme » a créé un schisme entre preneurs et travailleurs même sils travaillent côte à côte dans un environnement relativement démocratique. (...)
La Famille par comparaison a remarquablement peu changé à travers le temps. Elle a évolué culturellement, assimilant de nouvelles formes de culture, de musique, dhabillement et de nourriture. Idéologiquement, cependant, la Famille a gardé ses engagements originaux de maintenir une société modèle non hiérarchique, non commerciale, égalitaire et non violente. Parce quelle est sédentaire, « la Ferme » na pas dautre choix que de changer. Les Rainbows, par comparaison, nont pas de terrain à protéger. Puisquils ne peuvent pas perdre dactions quils nont pas, ils ne subissent pas la même pression que « la Ferme ». Ils ont le luxe dêtre plus insouciants face à ladversité.(...)
Tandis que les Rainbows ont nourri, hébergé et soigné des sans-abris pour une semaine ici et là, « la Ferme » sest fait connaître à travers le monde par son personnel médical, ses services dambulance, ses écoles , ses maisons, etc. Mais pour financer de tels programmes « la Ferme » a dû entrer en relation commerciale avec le monde exterieur, augmentant ainsi « sa vulnérabilité aux courants macro-économiques ». Ses efforts industriels ont conduit « la ferme » à développer un vaste système bureaucratique rempli dincompétence et de mauvaise gestion,qui a conduit à la banqueroute. A labri des cycles commerciaux, les Rainbows ont continué à fournir les services de base de manière sporadique aux populations dans le besoin.
La Famille Rainbow ne demande rien dautre aux nouveaux membres quun esprit ouvert. Sans investissement, les Rainbows peuvent librement aller et venir. Si beaucoup de Rainbows sont associés à la Famille depuis le départ, il ny a pas de mécanisme dengagement qui attache les membres à la Famille. Tandis que les utopies qui fonctionnent exigent souvent de leurs membres quils abandonnent leurs privilèges individuels comme prix dadhésion, les Rainbows nexigent rien de tel. Dit crûment, la Famille Rainbow est une sorte de voie à bon marché pour laffiliation tribale ou lidentité communautaire, avec tous les avantages at aucune des obligations. (...)
Les Rainbows représentent le front anarchiste de ceux qui veulent sauver le monde. Libres de contraintes bureaucratiques et sans actions à perdre, ils peuvent emporter leur communauté modèle nimporte où sur le globe, créant souvent des villes spontanées dans beaucoup de nations au même moment. A lheure actuelle, il y a toujours un Rassemblement Rainbow quelque part. Puisquils ne sont pas genés par des admissions restrivtives ou des exigences dinvestissement ou dengagement, des centaines de milliers de personnes ont à un moment ou à un autre, vécu dans lutopie de la Famille Rainbow. Après une telle expérience, beaucoup continuent de sengager dans des projets menés par « la Ferme » ou Greenpeace, etc. Dautres trouvent le bouddhisme ou le christianisme ou reconstruisent la spiritualité amérindienne .(...) La Famille est une sorte de Seuil vers une nouvelle Vie, une vie quon goute dabors à un Rassemblement. (...)
La Famille, empechée par rien, a la liberté de conduire des expériences radicales avec lorganisation sociale, la prise de décision et la guérison des personnes violentes ou droguées.
Cohérence et changement
Les Rainbows, tout en restant fidèles à leurs idéaux se rapprochent du courant majoritaire, non pas parce quils sadaptent à Babylone mais parce que Babylone sadapte, même lentement aux valeurs Rainbow. Les pratiques Rainbow comme le recyclage, le végétarisme, les soins holistiques, et les cultes indiens, considérés comme farfelus lors des premiers Rassemblements ont été depuis adoptés par bien des pans de la société commune. (...)
Même les développements immobiliers péri-urbains, autrefois bastions daliénation, commencent à ressembler à des utopies communautaires (...). En plus de choisir et de promouvoir la vie commuanutaire, la Famille défend aussi les droits et la liberté individuels, même quand ces droits entrent en conflit avec la responsabilité collective. Alors que dautres utopies ont sacrifié les soucis individuels aux biens collectifs, la Famille Rainbow cherche à équilibrer les besoins individuels et collectifs. Cest pourquoi chacune des voix au Conseil pèse autant que le total de toutes les autres. Que les individus puissent bloquer le consensus assure au droit individuel de ne jamais être noyé par une majorité. En échange, on attend des individus quils aient un respect réciproque pour le groupe et nabusent pas de ce pouvoir de blocage. Cette politique du « Consensus moins un » limite cependant le pouvoir individuel dans lintérêt dune plus grande cohésion du groupe si quelquun persiste à bloquer le consensus. (...) Une telle tolérance a permis à la Famille de rester politiquement et spirituellement diverse. (...) On ne demande quun respect pour la diversité et une ouverture aux opinions différentes. Les conversations aux Rassemblements sont ainsi éclairants car les membres font tout pour trouver, et trouvent, un terrain dentente. (...)
Léconomie Rainbow est communautaire, encourageant le partage et décourageant le profit. (...) La différence entre cette économie et une économie hiérarchique socialiste est que le Rainbow est volontaire. (...) Cela prouve lengagement de la Famille envers, à la fois, la vie communautaire et la liberté individuelle.
Un été sans fin
La Famille Rainbow est un éternel phénix, renaissant sans cesse de ses cendres. Là où un Rassemblement prend fin, lautre commence. (...) Les Rainbows, sur la route en direction du soleil vivent, dans une véritable utopie, un été sans fin. (...)
Lexemple Rainbow menace les gouvernements. Il montre que les gens peuvent vivre sans dirigeants, sans céder leur voix à des représentants. Il prouve que les gens peuvent être responsables pour eux-mêmes et maintenir la paix sans coercition ni force, sans police. Cest le modèle dune véritable démocratie, d« gouvernement par le peuple ». La Famille Rainbow est lantithèse dun état policier. Elle défie toutes les entités qui gouvernent par la peur plutôt que par la coopération. Pour elles, la Famille offre la « menace dun bon exemple » que dautres pourraient suivre. (...) Les Rainbows sont des rêveurs qui nespèrent rien moins quune utopie.