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Una temporada bajo el Arcoiris
Ernesto Rivera
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Un séjour sous l'Arc-en Ciel
Ernesto Rivera
erivera@nacion.com

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http://www.nacion.com/dominical/2004/marzo/28/dominical0.html


Chronique de Ernesto RIVERA dans le journal « LA NACIÓN »
à propos du rassemblement RAINBOW au COSTA RICA


UN SÉJOUR SOUS L’ARC-EN-CIEL
Ernesto Rivera
erivera@nacion.com




Dans le but d’aller plus loin que la simple nouvelle journalistique, nous nous sommes efforcés de comprendre de l’intérieur les motivations qui ont poussé plus de 1000 personnes de 40 nationalités différentes à se rendre au Costa Rica pour se rassembler dans une propriété au Sud de San Vito de Coto Brus.

Pour ce faire, le journaliste Ernesto Rivera et le photographe José Díaz ont côtoyé pendant 4 jours ce groupe de personnes tout à fait étonnant, en contact étroit avec la nature

Le résultat est une savoureuse chronique, riche en détails inédits qui cherche à révéler les sentiments et les pensées des participants de l’Arc-en-Ciel, dont on a tant parlé,
mais dont il reste encore beaucoup à dire.


Larissa Minsky, editrice


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Si le monde n’était pas gouverné par des bailleurs de fonds et des marchands de pétrole, la vie ressemblerait sûrement à un rassemblement avec les gens de l’Arc-en-Ciel. Voilà ce que je me suis dit en quittant le campement lundi dernier.

Quelques jours auparavant, après avoir parcouru 300 Kms au sud de San José et mis une heure de plus depuis la route goudronnée, j’étais arrivé à un gigantesque pâturage composé de collines qui descendent doucement jusqu’à une étroite rivière : ce sont les terres de la propriété Pittier.

Là, dans les bois, le vent susurre des histoires rebelles et sur 5 hectares, s’étale le territoire où plus d’un millier de personnes campent depuis presque un mois.

Ce sont des gens du monde entier, qui sont arrivés au moment de la pleine lune, début mars. Ils sont venus pour vivre dans la nature, fêter le solstice du printemps et être ensemble jusqu’à la prochaine lune.

C’est un Rainbow Gathering ou un Rassemblement de l’Arc-en-Ciel. En 2 mots, ce sont des personnes aux styles, religions et cultures pour le moins exotiques qui se rassemblent chaque année, dans un pays différent, pour méditer, chanter, faire la fête, manger, danser, prier et comme disaient leurs ancêtres hippies, pour faire l’amour et pas la guerre.

Depuis le début, les gens de l’Arc-en-Ciel me font penser à une tribu exotique et hétérogène. Au premier abord, on dirait une sorte de Disneyland pour routards, un cirque beat composé d’individus qui n’acceptent pas les chefs.

La plupart d’entre eux sont d’infatigables voyageurs qui parcourent le monde à la recherche de réponses qu’ils n’ont pas trouvé chez eux. Ils adoptent un style nomade, en marge de la culture et gagnent leurs vies en effectuant des travaux alternatifs pour aller de continent en continent.

Il y a des gens d’Italie, des Etats-Unis, du Canada, du Japon, du Mexique, de l’Argentine, du Costa Rica, d’Israël, du Brésil, d’Espagne, de Russie, d’Allemagne, d’Irlande et de Norvège. En tout, plus de 40 nationalités réunies pour adorer la Terre-Mère entre deux lunes.

Ce sont des artistes, des artisans, des agriculteurs, des gens de cirque et des étudiants en pleine crise de vocation. Ensemble, ils forment un extravagant déploiement de couleurs, de textures, de peaux, de tatouages, de piercings, de pareos, de coiffures, de foulards, de bâtons, de bracelets, de turbans et de pagnes.

A l’entrée de la propriété, un spectacle inhabituel me saute aux yeux : beaucoup de ceux qui campent ici sont complètement nus.


DE TOUS LES AGES

Quatre générations étaient représentées dans le campement.

Une fois la curiosité visuelle du début satisfaite, la vision des corps en liberté, bougeant spontanément dans la nature sans que rien ne les comprime ni ne les dissimule, m’apparut absolument splendide.

Il y a des maigres, des grands, des gros, des blanches, des brunes, des rousses, des jaunes, des noirs, cheveux plats ou chauves. Avec des poitrines comme des pêches et des fesses comme des lunes et des seins comme des tambours ou comme des poires, comme du raisin ou des prunes bien mûres qui sourient de tous côtés.

Il y a des visages, et des nombrils, et des oreilles, et des hanches, et des yeux comme des portes, et des nez comme des carottes, et des sourcils comme des plumes de pélican. Un merveilleux défilé de cous, de poitrines, d’yeux, de pénis, de peaux, de doigts, de poils, de fesses, de jambes, de bras et de pieds.

« Ici, il n’y a pas de règle en matière d’habillement, m’explique Jean-Pierre, un canadien qui accueille au nom des gens de l’Arc-en-Ciel. Personne ne te dit quels vêtements tu dois mettre. Tu peux être nu ou porter quelque chose : ce qui est important, c’est que tu sois ici pour respecter la Terre et donner de l’Amour. De toutes façons, tu peux faire ta propre expérience ; sentir le soleil, le vent et l’eau sur la peau, c’est très agréable. »

En parcourant le campement, j’ai l’impression d’être dans un film. Je vois des images ahurissantes. Un couple, uniquement vêtu d’un chapeau de paille se promène. Ils sont d’un âge moyen, maigres, blancs et très très grands. Ils marchent, main dans la main, sur le chemin. Lui porte une grande barbe et s’appuie, en avançant, sur un long bâton taillé dans une branche d’arbre.

Ils se déplacent avec grâce, d’un pas lent et long. En les voyant marcher, ils me font penser à des girafes élégantes et paresseuses.

Près de la rivière, je découvre un cirque en plein bois. Il y a des jongleurs, des « saltimbanques » et un couple qui fait des acrobaties en grimpant sur les trapèzes et les tissus colorés accrochés aux arbres.

Plus loin, en face d’où nous avions planté la tente, sur une plateforme rocheuse, il y a une douche communautaire. Là, des hommes et des femmes se baignent ensemble sous le soleil.

Et une centaine de mètres plus loin, sur le sommet d’une colline, résonne le bruit des tam-tams tandis que 6 filles s’essayent au pas de la Capoeira.

Leurs corps nus et en sueur brillent dans le soleil couchant. Elles sautent de manière saccadée, sans rien voir, comme absorbées en elles-mêmes, indifférentes au reste du monde, sous le charme sensuel de cette danse-art martial que les esclaves de l’empire portugais ont inventée il y a 4 siècles.

Le ciel flamboie. Quelques-uns se promènent et d’autres galopent dans la campagne, montés sur des chevaux prêtés par les muletiers qui traversent la propriété. A d’autres endroits, on médite et plusieurs groupes s’activent pour préparer le repas.

Près de la rivière, les volontaires font la cuisine près de 2 fours en pierre recouverts de terre. C’est la boulangerie du campement et de là, sortent, toutes les heures, des pains savoureux, des pizzas et des gâteaux.

Un peu plus loin, un garçon entretient le feu sous 2 énormes marmites remplies de café et de thé au gingembre.

Dans le campement, le commerce est interdit. Dans la communauté de l’Arc-en-Ciel, on ne vend rien et on n’achète rien. N’importe qui peut prendre les fruits, le pain ou le thé sans payer. A la fin de la journée, un groupe passe pour recueillir de l’argent dans un chapeau qui est appelé « le chapeau magique ».

Le garçon qui entretient le feu est anglais. Il me dit qu’il vient de Stratford-Avon – le village où est né Shakespeare – et m’explique que « chacun met ce qu’il peut et utilise ce dont il a besoin. La communauté arrive finalement à équilibrer son budget et jamais personne ne manque de nourriture ».


UN DÎNER POUR MILLE

Avant que le soleil ne se couche, on entend le son grave d’une corne de chasse. Ensuite tout le monde se met à crier « Círculo, círculo ! » (Food circle !). C’est l’appel au dîner et le moment du OM.

De tous les coins, les gens se préparent puis se dirigent vers une prairie à l’entrée du camp.

« Le Cercle » est un espace plus grand qu’un terrain de football, avec un immense feu de bois au milieu, délimité sur les côtés par 4 énormes pierres cylindriques qui évoquent d’anciens Totems.

Les gens qui arrivent forment au fur et à mesure deux cercles concentriques gigantesques.

Il fait presque nuit. Le ciel se déchire en traînées violettes et oranges et avant que le soleil ne disparaisse, les cercles se ferment. Les mains se joignent et tout le monde devient silencieux.

Pendant un instant, on entend seulement le bruit du vent dans l’herbe et le crépitement du bois qui brûle dans le feu. Puis soudain, un murmure s’amorce : 1000 personnes font vibrer dans leurs gorges la syllabe OM… OM…

Le murmure s’amplifie, s’élève et devient de plus en plus grave. Les cordes vocales enflent dans les poitrines. En plein milieu de la forêt, les voix de la foule s’ajoutent et se chevauchent au point de former un son compact, solide, qui enveloppe tout : le soir, les mains, les visages, le feu… OM… OM… OM…

A la fin, des cris jaillissent du groupe. C’est ainsi que commence le dîner et la fête du solstice.

D’on ne sait où, surgissent des jongleurs tatoués, et les enfants du campement défilent avec les sculptures qu’ils ont fabriquées avec des feuilles, des branches, des pierres et des plumes.

Tandis que les volontaires transportent d’énormes tonneaux de nourriture, certains jouent de la guitare, d’autres dessinent, dans l’air, des figures avec des flambeaux. Des gens passent avec des bidons d’eau chlorée pour qu’on puisse se laver les mains ; et puis on partage des miches de pains et une soupe aux légumes au goût mystérieux que je ne réussis pas à identifier.

Le repas est servi par deux ou trois volontaires qui font le tour du cercle. En plus du pain, il y a des tournées de riz, de haricots noirs, de couscous, de salade, de pommes de terre, de « tiquisque », et des parts de fromage. Il est impossible que quelqu’un ait encore faim.

Les gens mangent tout en parlant avec animation à la lumière des bougies. A la fin du dîner, on ramasse toutes les ordures organiques pour en faire du compost et ensuite, une caravane s’ébranle avec, à sa tête, une guitare et plusieurs tam-tams.

C’est la caravane du « chapeau magique » ; ils chantent et recueillent ce que chacun peut donner. Avec cet argent, on achètera la nourriture du jour suivant.


LES YEUX DU GLACIER

Ca y est, c’est la nuit noire, et sur les sentiers de la propriété, on aperçoit des lumières bleues et blanches qui flottent dans l’obscurité comme de petites lucioles psychédéliques. Ce sont des personnes qui coupent à travers champs en s’éclairant avec des petites lampes frontales de mineur.

Près de 200 personnes se rassemblent autour du feu, où l’on fait flamber de grands troncs, pour chanter des mélodies à « la madre tierra y el padre cielo ».

Une fine silhouette – je n’arrive pas à distinguer si c’est un homme ou une femme – fait vibrer un didgeridoo, long tube de bois au son grave qu’utilisent les tribus australiennes. Dans l’air flotte une odeur de fumée, de terre, d’encens et de cigarettes de marijuana que certains fument. Les chansons sont courtes et se répètent comme des mantras.


ÉCOLOGIE

Ils font tous très attention au tri des ordures organiques et non-organiques.

Un de leurs chants répète « Tierra mi cuerpo, agua mi sangre, aire mi aliento y fuego mi espíritu » (« Terre mon corps, eau mon sang, air mon souffle et feu mon esprit »). « Tierra mi cuerpo… agua mi sangre… aire… »

Une femme de l’Arizona danse à mes côtés. Ses yeux sont très clairs, de ce bleu couleur de glacier. Elle ne porte sur elle qu’une couverture grise. Elle a la peau bronzée et le regard accroché aux étoiles. Pendant ce temps, un homme de type amérindien jette des morceaux de myrrhe dans le feu et raconte l’histoire de son père et de son grand-père.

La nuit du solstice est à son apogée. Des étoiles filantes traversent le ciel et partout, il y a des gens qui jouent des petites pièces de théâtre ou des monologues. A la boulangerie, on fait cuire des gâteaux et on prépare du café et de la tisane pour tenir toute la nuit.

Partout où je passe, je ne vois pas une seule goutte d’alcool.

Au petit matin, en me dirigeant vers ma tente, je contemple la silhouette noire des arbres qui contraste, au-dessus des champs, avec la clarté du ciel et le bleu intense de la voûte céleste tapissée de milliers d’étoiles. Je pense que de l’autre côté de ce bois, dans le monde réel, on assassine des enfants à Bagdad et que des trains explosent à Madrid – Cela me semble vraiment obscène.


LE SILENCE

Le samedi, le camp se réveille avec une consigne de silence. C’est une proposition facultative mais presque tous la respectent. L’idée est de rester silencieux jusqu’à midi.

Mais silence ne veut pas dire inactivité. Avant 7 heures du matin, il y a des groupes qui font du tai-chi et du yoga. Certains nettoient leurs tentes pour éviter des visiteurs indésirables car, depuis leur arrivée il y a 3 semaines, quatre personnes ont déjà été piquées par des scorpions.

D’autres se dirigent vers la rivière pour se baigner et reviennent, peu de temps après, la peau et les cheveux brillants.

Personne ne parle, et dans la propriété, on n’entend que le chant des oiseaux. Il se dégage de cette scène une beauté primitive qui enchante.

Vers le milieu de la matinée, sur le chemin de la rivière, je vois monter un groupe de cavaliers. Ce sont des muletiers qui passent dans la propriété pour se rendre à Aguascalientes.

Sur le même chemin mais à 50 mètres en direction contraire, arrive une jeune femme âgée d’environ 24 ou 26 ans. Ses cheveux sont rouges comme les braises du feu et elle me fait penser à une irlandaise mais elle ne l’est peut-être pas. Elle est vêtue simplement de son sourire et d’un petit foulard qui retient une partie de son abondante chevelure. Elle a la peau pâle, légèrement bronzée et un beau corps bien charpenté.

Une fois passé le tournant, les muletiers se trouvent nez à nez avec la femme. Je les observe. Il y a un moment de malaise et je crois que par réflexe, ils calment leurs chevaux. Ils se regardent mais aucun ne parle. Elle, aussi, s’arrête et remarque l’inquiétude dans leurs yeux.  Sans se presser, elle dénoue le foulard de ses cheveux, couvre son corps, les salue et continue son chemin.

Cela fait presque un mois que les gens de l’Arc-en-Ciel se trouvent ici et pourtant la rencontre entre la culture des gens du village et celle des étrangers est encore bien inconsistante.

Midi passé, le groupe se rassemble à nouveau dans la prairie et se remet en cercle autour du feu pour commencer le rituel du OM.

Au même moment, un groupe de mères et leurs enfants forme un dragon en attachant les pointes de nombreux foulards.

En arrivant devant le feu, un des hommes, qui est en tête de la marche du dragon de foulards, commence à chanter et à sa suite, tous se mettent à crier et à chanter.

C’est la fin du silence et le début d’une fête endiablée.

Autour du feu, une demi-douzaine de djembés retentissent juste à côté des trompettes, des didgeridoos, des flûtes, des saxos, des tambourins et même d’une cornemuse. Il y a des clowns et des jongleurs. Les autres dansent frénétiquement. Quelques-uns font des sauts acrobatiques et d’autres, les yeux fermés, décrivent de lents mouvements d’arts martiaux.

Il y a des groupes qui distribuent des tranches de melon, de mangue et de pastèque. D’autres jettent de l’eau sur la foule avec de grandes bouteilles. La chaleur est écrasante. Je me mets sous le jet d’eau. Elle est froide. Je me sens comme une braise tombant dans un lac. A côté de moi, une fille et un garçon, souriants, dansent nus, les yeux fermés.

Le soleil monte au Zénith et embrase ces corps qui fêtent la fin du silence et l’arrivée du solstice.

La danse des tam-tams se prolonge pendant des heures. Chacun résiste comme il peut et ceux qui sont fatigués se retirent sous les arbres. Tous paraissent atteints d’un enthousiasme difficile à contrôler.

Cependant, au moment même où l’énergie est au plus bas, on entend une voix qui ranime tout le monde : « fête des glaces ! » « Ice cream party ! ».

Victor, qui est un acteur américain, a eu l’idée de « La fête des glaces » et en a acheté mille à San Vito.

Dumpster, un de ceux qui s’est proposé de les distribuer, m’explique en riant et dans un spanglish parfait « qu’avec moins de cinquante mille sous du chapeau magique, nous avons acheté mille glaces. D’abord, on en donne aux enfants, et aftér (dit-il en accentuant la lettre é de después (= après), il y en a aussi pour les garçons et les filles plus grands, ceux qui ont des barbes et des enfants. Les parties de glaces sont une tradition Rainbow ».

C’est la dernière ligne droite d’un jour heureux et je mange ma glace au coco en me demandant combien de temps on pourra continuer à vivre ainsi. Quelqu’un vient m’inviter à une représentation nocturne du cirque près de la rivière. Un autre me conseille d’aller à la boulangerie où l’on prépare du pain de fleurs et d’oignons.

Le cirque beat continue à jouer encore et encore. Avec les scorpions et les latrines recouvertes de cendre, sans Internet ni électricité, les gens de l’Arc-en-Ciel profitent coûte que coûte d’une fête joyeuse et interminable.

Le lendemain, je monte dans la voiture et passe le portail d’entrée du camp. J’essaie de repérer dans ma tête le moment exact où j’ai arrêté de jouer, quand on a réussi à me convaincre que la seule vie possible était cette ennuyeuse, pénible et mesquine guerre, destinée à accumuler les cartes de crédits et à être sous autocensure permanente.


Le Campement

Le premier Rassemblement de l’Arc-en-Ciel s’est déroulé au Colorado aux Etats-Unis en 1972.  Depuis, ils ont acquis beaucoup d’expérience.

Avant l’arrivée de la plupart des participants au Costa Rica, un groupe a dégagé des sentiers pour relier les différents points du campement. Ils ont délimité des espaces pour la cuisine, la réserve de fruits, pour le feu et « le Cercle » et aménagé un lieu pour déposer les ordures organiques qui se transformeront en compost.

Utilisant la force de gravité comme pompe, ils ont réparti 3 Kms de tuyau plastique qui amène l’eau vers les différentes parties du campement et ils ont crée une douche commune et dégagé un espace pour laver et étendre du linge.

Dans différents secteurs, éloignés de la rivière, ils ont construit des « shitters » (shit-pit) dont la traduction littérale serait « des merdiers ». Ces latrines unisexes sont recouvertes de grands triangles de nylon où le visiteur peut trouver du papier hygiénique et de la cendre pour recouvrir ses selles.

Il y a des shitters pour adultes et d’autres pour enfants. Et à l’extérieur de cet espace, il y avait toujours de l’eau chlorée pour se laver les mains.

Chaque personne gardait et sortait du camp avec ses ordures non-organiques.

Pendant les quatre jours où l’Equipe de « La Nación » a séjourné là-bas, nulle part nous n’avons vu traîner par terre des sacs plastiques, des papiers, des mégots de cigarette, des boîtes de conserve ou des bouteilles.

A la fin du rassemblement, un groupe restera le temps qu’il faut pour restaurer la terre des sentiers et semer de l’herbe là où se trouvait le feu. Ils démonteront les cuisines, les fours et les shitters et planteront des arbres et des plantes.


Gens de la même Tribu

Andreas fait des études de mathématiques à l’Université de Bremen. Luna est odontologiste à Cordoue. Jean-Pierre est masseur au Québec. Francisco est ingénieur à Rome. David étudie la biologie dans l’Ontario et Dumpster est saisonnier au moment de la récolte des fruits en Californie. James est tatoueur à Londres et Diamond est poète à San Francisco.

Ils n’appartiennent pas à la même génération puisqu’ils ont entre 21 et 66 ans ; ils ont des activités différentes et habitent des villes et des continents divers. Cependant, en les observant, on les identifie comme faisant partie de la même tribu.

Les gens de l’Arc-en-Ciel que j’ai interviewés sont des personnes qui sont habitées par les mêmes valeurs et par les mêmes interrogations.

Ils voyagent plus pour se connaître que pour connaître. Ils valorisent l’instant présent et ne font presque jamais de projets à longs termes. Tous sont d’accord pour repousser les règles établies du comportement adulte conventionnel.

Ils refusent de se plier aux routines qu’ont suivies leurs parents en affirmant que la vie ne peut pas être vue comme un combat immuable qui provoque la pagaille planétaire.

« Mon père a travaillé plus de 30 ans comme électricien dans une usine et ma mère, dans une boutique. Ils sont morts sans avoir pu profiter de tout ce travail.  Je voulais donner un autre sens à ma vie », m’explique Jean-Pierre.

Un autre d’entre eux, Dumpster, me raconte que ses parents étaient instituteurs mais que, lui, il n’a pas voulu suivre la même voie et que ça fait plus de vingt ans qu’il est « sur les routes ». « Quand j’ai eu 18 ans, j’ai décidé de ne pas aller à l’Université et je suis parti sur les routes des Etats-Unis comme conducteur, voyageant de ville en ville, sur des trains de marchandises. Ensuite, j’ai été au Mexique.

Lors d’un de ces voyages, ma petite amie est tombée du train en sautant entre les wagons et il a fallu lui amputer une partie de la jambe. Ca a été terrible et c’est pourquoi ensuite, je me suis tatoué un train sur le bras pour ne pas l’oublier. Nous sommes encore très proches.

Maintenant, je travaille 4 à 6 mois aux Etats-Unis, faisant la récolte des pommes et des melons. J’économise quelques dollars et avec ça, je voyage le reste de l’année. Et ainsi, je connais des gens et des lieux différents. As-tu été dans l’île de Sumatra ? Moi, j’y suis allé et c’est impressionnant. Tu devrais y aller ».

Ca fait maintenant dix mois qu’Andreas a quitté l’Allemagne. Depuis, il voyage dans toute l’Amérique : « mes parents sont médecins, mais je veux étudier une branche de la science qui soit une alternative au modèle actuel et qui soit utile aux gens sans détruire la planète ».

David Diamond, lui, c’est le plus âgé de tous ceux avec qui j’ai parlé : « j’ai commencé à suivre ce style de vie après la deuxième guerre mondiale. J’ai vu passer les beatniks, les hippies, les punks et maintenant les rainbows. Ce qui est important, c’est de savoir que tu n’as pas qu’une seule possibilité dans ta vie, que tu peux choisir et que quoi que tu fasses, il faut que ce soit une aide pour les autres. Tu dois aussi vivre en harmonie avec la Terre-Mère sans la meurtrir.

Les parents de Luna sont avocats et ils ont une mentalité conventionnelle : « je suis partie d’Argentine en 2001. J’avais toujours été la petite fille modèle, je suis devenue odontologiste, j’avais mon propre appartement et des économies. Mais cela ne me comblait pas. C’est que la culture t’inculque que la seule chose à faire, c’est d’accumuler, et moi, je sens que ce n’est pas ma voie. Ca fait trois ans que je voyage et j’ai connu beaucoup de choses et beaucoup de gens. Je me sens beaucoup plus heureuse maintenant que lorsque j’étais dans mon cabinet ».

Il y avait bien quelques vétérans qui fréquentent les Rassemblement depuis le début, en 1972, mais j’ai remarqué que pour presque tous ceux que j’ai interrogés, c’était seulement la deuxième ou troisième fois qu’ils participaient à un Rassemblement de l’Arc-en-Ciel.

Pour la majorité d’entre eux, l’expérience leur permet de prendre contact avec une manière de vivre qui leur donne une identité. Pour d’autres, c’est une variante du tourisme–aventure.

Mais les uns et les autres reconnaissent qu’indubitablement, ils se souviendront longtemps encore de cette expérience de vie






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Crónica

Una temporada bajo el Arcoiris
Ernesto Rivera
erivera@nacion.com




En un esfuerzo por ir más allá de la noticia pura y dura, viajamos a comprender desde
adentro las motivaciones que inspiraron a más de 1.000 personas de 40 nacionalidades
a viajar hasta Costa Rica y reunirse en una finca al sur de San Vito de Coto Brus.

Para ello, el periodista Ernesto Rivera y el fotógrafo Jose Díaz convivieron cuatro días
con este grupo de gente tan particular, en estrecho contacto con la naturaleza.

El resultado es esta sabrosa crónica, rica en detalles inéditos,
que escudriña el sentir y el pensar de los seguidores del Arcoiris,
sobre quienes tanto se habló pero mucho faltó por decir.

Larissa Minsky, editora


Además:
Galería de fotos
Fotógrafias Jose Díaz


Si el mundo no estuviera gobernado por prestamistas y petroleros, probablemente la vida sería muy parecida a un encuentro con la gente del Arcoiris. Eso fue lo que pensé el lunes pasado al dejar atrás el campamento.

Unos días antes, tras recorrer 300 kilómetros hacia el sur de San José y una hora después del último rastro de asfalto, había llegado a un gigantesco potrero con colinas suaves que se derraman hacía un río estrecho: las tierras de la finca Pittier.

Allí, entre pequeños bosques, el viento susurra historias rebeldes, y a lo largo de cinco hectáreas se extiende el territorio donde más de mil personas acampan desde hace casi un mes.

Son gentes de todo el mundo, que viajaron aquí con la luna llena, a comienzos de marzo. Llegaron para convivir con la naturaleza, a festejar el solsticio de primavera y a estar juntos hasta la próxima luna.

Es un Rainbow Gathering o Encuentro del Arcoiris. Implica que personas de los más exóticos estilos, religiones y culturas se juntan, cada año, en un país diferente, para meditar, cantar, festejar, comer, bailar, orar y -como decían sus antepasados hippies- para hacer el amor y no la guerra.

Desde el comienzo, la gente del Arcoiris se me revela como una tribu exótica y heterogénea. A primera vista parece una suerte de Disneylandia para trotamundos, un circo beat integrado por súdbitos que no reconocen líderes.

La mayoría son viajeros infatigables que recorren el mundo buscando respuestas que no encontraron en casa. Con un estilo trashumante, se mueven por los suburbios de la cultura ganándose la vida en trabajos alternativos para ir de continente en continente.

Hay gente de Italia, Estados Unidos, Canadá, Japón, México, Argentina, Costa Rica, Israel, Brasil, España, Rusia, Alemania, Irlanda y Noruega. En total, más de 40 nacionalidades reunidas para adorar a la madre tierra entre luna y luna.

Son artistas, artesanos, agricultores, músicos, actores de circo y estudiantes en crisis vocacional. Juntos despliegan un estrafalario desfile de colores, texturas, pieles, tatuajes, piercings, pareos, peinados, pañuelos, bastones, pulseras, turbantes y taparrabos.

A la entrada de la finca, me sorprendo con un espectáculo inusual: muchas de las personas que acampan aquí están completamente desnudas.

Sin edad
Cuatro generaciones estaban representadas en el campamento.

Luego de que mis ojos satisfacen la curiosidad inicial, la visión de los cuerpos en libertad, sin ataduras que los compriman o los disimulen, moviéndose espontáneamente en la naturaleza, se me revela absolutamente espléndida.

Hay flacos, altos, gordos, blancas, morenas, pelirrojas, amarillos, negros, lacios y pelones. Con torsos como duraznos y nalgas como lunas y senos como tambores o como peras, como uvas, o ciruelas estr´abicas que sonríen a los lados.

Hay caras, y ombligos, y orejas, y caderas, y ojos como puertas, y narices como zanahorias, y pestañas como plumas de pelícano. Un maravilloso desfile de cuellos, pechos, ojos, penes, pieles, dedos, pelos, nalgas, piernas, brazos y pies.

"Aquí no hay reglas de vestimenta -me explica Jean Pierre, un canadiense que me da la bienvenida en nombre de la gente del Arcoiris-. Nadie te dice cuánta ropa tienes que usar. Puedes andar desnudo o con un 'sobretodo'; lo importante es que vengas a respetar la tierra y a dar amor. De todas maneras, puedes hacer tu propia experiencia, la sensación del sol, el viento y el agua en el cuerpo es muy agradable".

Al caminar me siento dentro de una película. Veo imágenes alucinantes. Una pareja pasea vestida únicamente con sus sombreros de paja. Son de mediana edad, flacos, blancos y muy, muy altos. Van por el camino, tomados de la mano. Él lleva una gran barba y, al caminar, se apoya en un largo bastón de rama de árbol.

Se mueven con garbo, dan pasos largos y lentos. Al verlos andar, pienso que son como jirafas elegantes y perezosas.

Cerca del río descubro un circo en media selva. Hay malabaristas, 'saltimbanquis' y una pareja que hace acrobacias trepando sobre los trapecios y las telas de colores suspendidas de los árboles.

Más allá, sobre una enorme roca, veo que, frente al lugar donde habíamos instalado la tienda, hay una ducha comunitaria en la que hombres y mujeres se bañan juntos bajo el sol.

Y cien metros más adelante, en la cima de una colina, suena el azote de los tambores mientras seis chicas practican pasos de Capoeira.

Sus cuerpos brillan desnudos y transpirados bajo el sol del atardecer. Ciegas y ensimismadas se sacuden, ajenas a cualquier otra cosa en el mundo, bajo el estímulo sensual de la danza-arte marcial que los esclavos del imperio portugués inventaron hace más de cuatro siglos.

El día explota. Unos caminan y otros cabalgan por la campiña en caballos prestados por los arrieros que atraviesan la finca. En algunas zonas se medita, y varios grupos trabajan preparando la comida.

Cerca del río, los voluntarios cocinan en dos hornos construidos con barro y piedras. Es la panadería del campamento y, desde allí, cada hora salen panes de sabores, pizzas y galletas.

Un trecho más allá, un muchacho mantiene vivas las brasas de dos enormes ollas con café y té de jengibre.

En este campamento, el comercio está vedado. En la comunidad del Arcoiris nadie vende ni compra nada. Cualquiera puede tomar las frutas, el pan o el té sin pagar. Al fin del día, un grupo pasa recogiendo dinero en un sombrero al que llaman "el sombrero mágico".

El chico de las brasas es inglés. Me dice que viene de Stratford-Avon -el pueblo donde nació Shakespeare- y me explica que "aquí cada uno pone lo que puede y utiliza lo que necesita. La comunidad finalmente llega a un balance y nunca falta comida para nadie".

Cena para mil

Antes de que caiga el sol, escucho el sonido grave de un cuerno de caza. Luego todos comienzan a gritar: "¡Círculo! ¡Círculo!" Es el llamado a la cena y el momento del Omm&...;

Desde todos los rincones del campamento, la gente se alista y comienza a caminar hacia una gran planicie que hay a la entrada.

"El círculo" es un espacio más grande que un estadio de fútbol, con una inmensa fogata en medio, a la que han flanqueado con cuatro enormes rocas cilíndricas que evocan antiguos Totems.

A medida que llega la gente, va formando una figura que resulta en dos gigantescos círculos concéntricos.

Ya casi se apaga la tarde. El cielo estalla en trazos violetas y naranjas. Y antes de que el sol se hunda en el ocaso, los círculos se cierran. Las manos se entrelazan y todos quedan en silencio.

Por un instante, solo se escucha el sonido del viento en la hierba y el crepitar de la madera quemándose en la hoguera. De pronto comienza un susurro. Son mil personas haciendo vibrar en sus gargantas la sílaba Omm&...; Omm&...;

El murmullo crece, se eleva y se hace cada vez más grave. Las cuerdas vocales se hinchan en el pecho. Las voces de la multitud en medio del bosque se suman y amontonan hasta lograr un sonido compacto, sólido, que lo envuelve todo. La tarde, las manos, las caras, el fuego.... Omm&...; Omm&...; Omm&...;

Al final, la manada explota en gritos. Así comienza la cena y también la fiesta del solsticio.

De la nada surgen malabaristas tatuados, y los niños del campamento desfilan con las esculturas que construyeron con hojas, ramas, piedras y plumas.

Mientras los voluntarios acarrean enormes toneles con comida, algunos tocan la guitarra y otros dibujan figuras en el aire con antorchas de fuego. Pasa gente con bidones de agua clorada para lavarse las manos; después reparten hogazas de pan tipo "pita" y una sopa de verduras con un sabor misterioso que no logro identificar.

La comida la sirven de a dos o tres voluntarios que recorren el círculo. Además de pan, hay rondas de arroz, frijoles, cus-cus, ensalada, papas, tiquisque y tajadas de queso. No hay forma de que alguien quede con hambre.

La gente se alimenta y conversa animadamente a la luz de velas . Al final de la cena, se recoge toda la basura orgánica para hacer abono y después se arma una caravana encabezada por una guitarra y varias panderetas.

Es la caravana del "sombrero mágico": van cantando y recogiendo lo que cada uno puede aportar. Con ese dinero se comprará la comida del día siguiente.

Ojos de témpano

Ya es noche cerrada y por los senderos de la finca, se divisan luces azules y blancas flotando en la oscuridad como diminutas luciérnagas psicodélicas. Son personas que caminan a campo traviesa, alumbrándose con unas pequeñas linternas de minero amarradas a la frente.

En la fogata, arden grandes troncos y cerca de 200 personas se agolpan sobre el fuego para cantar melodías a la madre tierra y al padre cielo.

Una figura afilada, que no distingo si es de hombre o de mujer, hace graznar un didgiridú, el largo y grave tubo de madera que usan las tribus australianas. En el aire hay olor a humo, a tierra, a incienso y a los pitillos de marihuana que fuman algunos.

Las canciones son breves y se repiten como mantras.

Ecológicos

Todos son muy cuidadosos en el manejo de la basura orgánica e inorgánica.

Uno de los cantos dice cíclicamente: "Tierra mi cuerpo, agua mi sangre, aire mi aliento y fuego mi espíritu&...; Tierra mi cuerpo, agua mi sangre&...; aire&...;"

Una mujer de Arizona baila a mi lado. Tiene los ojos muy claros, del color azul de los témpanos. Lleva puesta solo una ruana gris. Tiene la piel bronceada y la vista clavada en las estrellas. Al mismo tiempo, un hombre con pinta de indígena americano arroja trozos de mirra en la fogata y narra la historia de su padre y de su abuelo.

La noche del solsticio está en su apogeo. Por el cielo cruzan las estrellas fugaces y por todas partes hay gente haciendo monólogos y pequeñas obras de teatro. En la panadería, hornean galletas y preparan café y té de hierbas, para aguantar la noche.

En todo el lugar no veo una sola gota de alcohol.

En la madrugada, mientras camino hacia mi tienda de campaña, la negra silueta de los árboles contrasta con la claridad del cielo a campo traviesa y con el azul intenso de una bóveda tapizada por miles de estrellas. Pienso que al otro lado de ese bosque, en el mundo real, despedazan niños en Bagdad y explotan trenes en Madrid. Me resulta totalmente obsceno.

El silencio

El sábado, el campamento amanece con un voto de silencio. Es una propuesta voluntaria, pero casi todos la respetan. La idea es mantenerse callados hasta pasado el mediodía.

Pero silencio no quiere decir inactividad. Antes de las 7 de la mañana, hay grupos haciendo tai-chi y yoga; algunos limpian sus tiendas, para evitar visitantes inesperados, ya que cuatro personas han sufrido picaduras de alacrán durante las tres semanas que llevan aquí. Otros caminan hacia el río y regresan tiempo después, recién bañados, con el cabello y la piel brillantes.

Nadie habla, y en la finca solo se escucha el sonido de los pájaros. En toda la escena hay una belleza primitiva que resulta encantadora.

A media mañana, por el camino del río, veo subir a una cuadrilla de jinetes. Son arrieros que usan la finca como paso hacia Aguascalientes.

Por el mismo camino, pero a 50 metros en la dirección contraria, viene una mujer como de unos 24 ó 26 o años. Su pelo es rojo como las brasas de la fogata. Pienso que es irlandesa, aunque tal vez no lo sea. Va vestida únicamente con su sonrisa y con un breve pañuelo que le amarra parte de su extensa cabellera. Tiene la piel blanca, apenas bronceada, y un cuerpo sólido y bello.

Cuando salen de una curva, los arrieros encuentran a la mujer directo frente a ellos. Los observo. Hay un momento de desconcierto y creo que por reflejo sosiegan sus caballos. Se miran, pero ninguno dice nada. Ella también se detiene. Nota la inquietud en sus miradas. Sin apuro, desanuda el pañuelo de su pelo, se cubre el cuerpo, los saluda y sigue caminando.

Hace casi un mes que la gente del Arcoiris anda por aquí, pero el cruce entre la cultura del pueblo y los forasteros todavía parece volátil.

Pasado el mediodía, el grupo se vuelve a reunir en la planicie. Arman de nuevo el círculo frente a la fogata y comienza el ritual del Omm&...;

Al mismo tiempo, un grupo de madres y niños forma un dragón anudando las puntas de muchos pañuelos.

Al llegar a la fogata, uno de los hombres que encabeza la marcha del dragón de pañuelos comienza a cantar y, a continuación, todos gritan y cantan.

Es el fin del silencio y el comienzo de una fiesta encarnizada.

En torno a la fogata, media docena de tambores retumban junto a trompetas, didgiridús, flautas, saxos, panderetas y hasta una gaita. Hay payasos y malabaristas. El resto baila frenéticamente. Algunos se mueven con saltos acrobáticos y otros apenas se contonean con los ojos cerrados en lentos movimientos de artes marciales.

Hay grupos repartiendo trozos de melón, mango y sandía. Otros pasan mojando a la multitud con grandes botellones. El calor es alucinante. Me meto bajo el chorro del agua. Está fría. Me siento como una brasa cayendo en un lago. A mi lado, una chica y un chico bailan desnudos y sonríen con los ojos cerrados.

El sol está clavado en el cenit y abrasa estos cuerpos que festejan el fin de silencio y la llegada del solsticio.

El baile de los tambores se prolonga durante horas. Cada uno aguanta lo que puede y los que se cansan se tiran bajo los árboles. Todos parecen contagiados de un entusiasmo difícil de superar.

Sin embargo, cuando ya los ánimos van decayendo, se corre una voz que vuelve a encender las almas: "¡Fiesta de helados! ¡Ice cream party!"

A Víctor, un actor mexicano, se le ocurrió hacer una "fiesta de helados" y compró mil en San Vito.

Dumpster, uno de los que se ofreció para repartirlos, me explica riendo y en correctísimo spanglish: "Con ménus de cincuenta mil culones del magical sombrero, compramos mil heladous. Primero le damos a los más niños y aftér (dice acentuando en la é de 'después') hay también para los niños y niñas más graundes, de esos que tienen barba e hijous. Los partys (fiestas) de heladous son una tradición del Rainbow".

En la recta final de un día feliz, como mi helado de coco y me pregunto cuánto tiempo se podrá vivir así. Alguien pasa invitándome a una función nocturna del circo del río. Otro me aconseja visitar la panadería, donde preparan pan de flores y cebollas.

El circo beat sigue y sigue. Con alacranes y letrinas de ceniza, sin Internet, ni luz eléctrica, la gente del Arcoiris se empecina en disfrutar de una fiesta divertida e interminable.

Al día siguiente, cuando me trepo al carro y cruzo el portón del campamento, trato de localizar en mi mente cuándo fue el momento en que dejé de jugar y me convencieron de que la única vida posible era esta aburrida, desigual y mezquina guerra por acumular tarjetas de crédito y controles remotos.


El campamento

El primero de los Encuentros del Arcoiris fue en Colorado, Estados Unidos, en 1972. Desde entonces han acumulado mucha experiencia:

Antes de que llegara a Costa Rica la mayoría de los participantes, un grupo despejó senderos para unir los distintos núcleos del campamento. Organizó áreas para la cocina, un depósito de frutas, la fogata para "el círculo" y un sitio para disponer de la basura orgánica y convertirla en abono.

Utilizando la fuerza de gravedad como bomba, distribuyeron 3 kilómetros de mangueras que llevan agua a distintas partes del campamento y crearon una ducha común y un sitio donde lavar y tender la ropa.

En distintos sectores, alejados del río, hicieron shitters, cuya traducción literal sería "cagaderos". Estas letrinas unisex son zanjas cubiertas por grandes triángulos de nylon, donde el visitante encuentra papel higiénico y ceniza para tapar sus deposiciones.

Hay unos shitters para adultos y otros para niños. Y afuera de cada uno, había siempre agua clorada para lavarse las manos.

Cada persona acumulaba y sacaba del campamento su basura inorgánica.

Durante los cuatro días en los que el equipo de La Nación estuvo allí, no se observaron, en ningún sitio, bolsas plásticas tiradas, papeles, colillas de cigarrillo, latas ni botellas.

Al finalizar el encuentro, un grupo pasará los días necesarios removiendo la tierra de los senderos y sembrando zacate sobre el área de la fogata. Desarmarán las cocinas, los hornos y los shitters, y sembrarán plantas y árboles.


Gente de la misma tribu

Andreas estudia matemática en la universidad de Bremen. Luna es una odontóloga en Córdoba. Jean Pierre trabaja de masajista en Quebec. Francesco es ingeniero en Roma. David estudia biología en Ontario y Dumpster recoge cosechas de fruta en California. James es tatuador en Londres y Diamond es poeta en San Francisco.

No pertenecen a una misma generación pues tienen entre 21 y 66 años; trabajan en cosas distintas y viven en ciudades y continentes diferentes. Sin embargo, al verlos, uno los identifica como integrantes de una misma tribu.

Los personajes que trato al entrevistar a la gente del Arcoiris están atravesados por los mismos valores y también por las mismas incógnitas.

Viajan más para conocerse que para conocer. Están atados a lo inmediato. Casi no hacen planes de largo plazo y los une una férrea negativa a aceptar las reglas establecidas para el comportamiento adulto.

Reniegan de adoptar las tradiciones que siguieron sus padres y afirman que la vida no puede ser vista como el inmodificable "combo" de los modales chatarra planetarios.

"Mi padre trabajó más de 30 años como electricista en una fábrica, y mi madre, en una tienda. Ellos murieron sin poder disfrutar de todo ese trabajo. Yo quería un sentido distinto para mi vida", me explica Jean Pierre.

Otro de ellos, Dumpster, me cuenta que sus padres eran maestros, pero que él no quiso seguir sus pasos y hace más de 20 años está "en la carretera". "Cuando cumplí 18 años, decidí no ir a la universidad, me largué a recorrer todo Estados Unidos pidiendo ride y viajando de ciudad en ciudad, en trenes de carga. Después me fui a México.

"En uno de esos viajes, mi novia se cayó del tren al saltar entre los vagones y hubo que amputarle parte de la pierna. Fue terrible, luego de eso me tatué un tren en el brazo para no olvidarla. Todavía somos muy unidos.

"Ahora trabajo entre cuatro y seis meses en Estados Unidos, recogiendo las cosechas de manzana y melón. Ahorro algunos dólares y con eso viajo el resto del año. Así conozco personas y lugares distintos. ¿Has estado en la isla de Sumatra? Yo sí. Es impresionante, deberías ir".

Andreas dejó su casa en Alemania hace diez meses. Desde entonces está viajando por América. "Mis padres son médicos, pero yo quiero estudiar alguna rama de la ciencia que sea alternativa al modelo actual, que sirva a la gente sin destruir el planeta".

De toda la gente con la que hablo, David Diamond es el más viejo de todos. "Comencé con este estilo de vida después de la Segunda Guerra Mundial. He visto pasar a los beatniks, los hippies, los punkies y, ahora, los rainbows. Lo importante es saber que no tienes una sola opción para tu vida, que puedes elegir y que lo que hagas debe ayudar a los demás y también dejar fluir a la madre tierra sin lastimarla".

Los padres de Luna son abogados con una mentalidad tradicional. "Yo salí de Argentina en el 2001. Siempre había sido la hija modelo, me gradué de odontóloga, tenía mi apartamento propio y mis ahorros. Pero eso no me llenaba. Es que la cultura te inculca que acumular es lo único y yo siento que mi camino no es ese. Desde hace tres años estoy viajando y he conocido muchas cosas y a mucha gente. Me siento mucho más feliz ahora que cuando estaba en mi consultorio".

Aunque había algunos veteranos que acuden a los encuentros desde que empezaron, en 1972, para casi todos los que entrevisté esta era la segunda o tercera vez que participaban de un encuentro Arcoiris.

A la mayoría, la experiencia le permite hacer contacto con una forma de vida que los identifica. Para otros, es una variante del turismo-aventura. Pero unos y otros admiten que, indudablemente, recordarán esta vivencia durante muchos años.